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Mes impressions sur la littérature, la culture ( et tout le reste ) du monde arabe.

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"We are all involved in an important joint enterprise, namely of bringing an awareness to the riches of the Arabic literary tradition to a much broader public, wherever it may be" - Roger Allen

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خواطري عن الكتب العربية قرأتها ... والأفلام والمسلسات

10.20.2013

مولانا - Monseigneur / My Lord ... The secret life of the telegenic imam

مؤلف : ابراهيم عيسى

(FRA)

     J'ai fini de lire ce livre il y a un petit moment mais j'ai enfin un peu de temps pour écrire dessus ... Livre que j'ai adoré, malgré la scène frustrante de fin, un beau cas de cliff-hanger s'il en est. 
     La vie d'un imam star de télévision, présentateur d'une émission religieuse très suivie, et les pressions qu'il subit de toutes parts : ses humeurs d'homme normal ; sa conscience de savant qui répugne à produire de la religion "prête à porter" pour grand public alors qu'il n'aspire qu'à l'érudition et la réflexion poussée jusqu'à l'hétérodoxie ; le gouvernement (on devine l'ère Moubarak) qui a besoin de lui pour combattre les "islamistes" et ramener un jeune très riche, de la famille rapprochée du Raïs, à la raison lorsqu'il déclare vouloir se convertir au christianisme et que tout le monde a échoué ; la société qui attend de lui des déclarations classiques et traditionnelles et des fatwas sur tout et n'importe quoi ...
     Personnage attachant, un peu cynique, on apprécie le recul qu'il a sur sa vie et sa profession, et finalement la différence implicite qu'il fait entre la foi (qu'il a) et la religion (comme système social, auquel il ne croit pas plus que ça). Quand il a affaire au jeune qui prétend vouloir se convertir, il ne cherche même pas à le convaincre de revenir vers l'islam, le considérant comme de toutes façons aussi ignorant de l'islam que du christianisme, il ne voit dans les déclarations du jeune qu'une manière de se révolter contre sa famille, ce qu'il comprend parfaitement. On sent le jeune momentanément déstabilisé par cette position inattendue d'un homme de religion, et commence à voir en lui une figure paternelle qu'il n'a jamais eue, partageant avec lui des conversations tantôt père-fils, tantôt d'égal à égal. Mais je n'en dit pas plus sur l'histoire du jeune, cruciale à la fin du roman.
      Il ne partage plus grand chose avec sa femme, qu'il aime par habitude, et qui est devenue elle-même une femme d'affaire. Elle refuse qu'il entre en contact avec leur fils depuis qu'il est tombé malade, maladie qui avait provoqué chez lui une forte dépression où il s'était montré incapable de faire face à la réalité. On découvre ensuite pourquoi sa femme s'est éloignée de lui sentimentalement, tout comme on découvre ce qu'il l'a attiré, lui, à une autre femme ... Histoire de couple réaliste, qui traverse toutes sortes d'épreuves.
      Ce roman nous donne à voir les relations du monde médiatique, religieux et politique, et forcément, "tout le monde est rhabillé", personne ne s'en tire vraiment avec un beau rôle, hormis peut-être les personnages principaux auxquels on s'attache malgré leurs défauts ... En tous cas intéressant de noter qu'un tel livre soit publié pendant la brève ère Morsi et Frère musulmans au pouvoir, ce qui me fait dire qu'ils n'étaient pas les pires, bien qu'ils ne soient pas les meilleurs !
      Mais la fin du roman est terrible, un beau cliff-hanger comme on en connait peu, et bien que le livre soit très bien, je suis assez frustrée par cette fin inattendue (ou l'est-elle vraiment ?).
   
      A noter : tous les dialogues sont en dialecte égyptien. Je n'y connais pas grand chose donc j'ai dû rater quelques références et choses intéressantes, mais l'histoire globale se suit sans problème. Simplement je le relirai le jour où je connaîtrai mieux ce dialecte ...


(ENG)

     I finished reading this book sometime ago but I'm trying to get enough time to write about it ... I loved this book, even though I don't know much the egyptian dialect (all the dialogues are written in it, but nevertheless, even for someone like me, you can understand the main story without difficulty).
      The life of an imam, TV star, main presenter of a religious mainstream TV programm, you follow a period of his life, and get to see all the pressure coming down on him from everywhere :
- his inner thoughts about having to present a mainstream TV show with ready-made fatwas for people who don't like to think too much, while he himself love nothing more than learning things and deepening his knowledge and questionning things, to the point where he appears sometimes almost heretical;
- the government (you guess a Mubarak-era one) pressuring him to fight the "islamists"- meaning salafis and Muslim brotherhood;
- the same government requires his services to take care of one young guy who happens to be of the very close family to the Raïs, and who declares to want to convert to christianity;
- the society in general represented by people who follow him everywhere like a superstar as soon as his steps outside his house, asking all kinds of advice and fatwas on unimportant subjects ...

     Reading the book you get to like this character and his wife and their problems as a couple, his cynicism towards society, and how he acts with the young wannabe convert : he doesn't try to convince him to go back to islam, he just doesn't consider the young man as knowledgeable in either religion for his decision to be worthy of notice, he just think it's the only way he found to rebel against his family ... The young man discover in the imam a sort of fatherlike figure he never seemed to have, and they discuss more and more like a father and son, but it didn't prepare me for the surprise at the end ... Of which I won't say a thing, read the book first !
      You also discover the personnal story of this imam, how he became an imam by chance more than by a careful plan, how he loves his wife by habit and why it became so, his depression after his son's falling ill, why his wife, a successful business woman, became estranged, and why himself nearly falls in love with another one ... All very ordinary live stories in a sense, but add to that the whole critic of the relaitonship between politics, religion and medias, and getting such a book published during the brief Morsi and muslim brotherhood government in Egypt is interesting (and makes me think that they were not the worse of the lot, if not the best !).
      Just one very frustrating thing : the end is a beautifull cliff-hanger with no end ... I guess you have to imagine it yourself, but still, I would have like to have a proper ending !

9.10.2013

ألو مرحبا - série télé saoudienne / Saudi TV series


(FRA)
         Série saoudienne (ou du moins, faite comme si elle se passait en Arabie saoudite ... Je soupçonne encore bien que certains acteurs viennent d'autres pays du Golfe, surtout les actrices, ne faisant qu'imiter l'accent saoudien, mais je ne suis pas experte encore à ce point pour distinguer un vrai accent d'une imitation). Diffusée sur MBC (la rivale de Rotana, si je suis bien ... Deux noms de bouquets de chaînes satellites, saoudiennes toutes les deux, proposant le même genre de programmes). Et re-regardable sur leur site à volonté, ici.
        Sujet : la vie des employés d'un call-center, mais un call center ici où les clients appellent pour des services divers et variés (appeler un réparateur de machine à laver, réserver un billet d'avion ...), pas du tout ce qu'on entend nous par "call-center" et leurs pubs téléphoniques intempestives. La série tourne donc autour de la vie du patron, de ses deux aides, et de huit employés : quatre hommes et quatre femmes, tous jeunes, et bien sûr séparés (on est en Arabie saoudite, point de folies scénaristiques !) mais du coup, c'est intéressant, pour une étrangère comme moi, de voir toutes les stratégies des hommes et des femmes pour passer au delà de ces barrières imposées par la culture, pour interagir ... Ils ne paraissent guère plus "handicapés" que nous par leurs barrières qui nous paraissent inimaginables, mais au contraire, on voit que comme dans toute société, il y a des règles, plus ou moins respectées, et que les gens font avec, et vivent leur vie malgré tout. Bref, une série qui vaut bien pour moi n'importe quel livre anthropologique.
        Série traitée sur le ton de la comédie réaliste et que je trouve d'une très bonne qualité à plusieurs niveaux : le jeu d'acteur est naturel, la façon de filmer (là non plus, je ne suis pas experte, mais je ne peux que comparer avec les autres) très bien faite, du moins assez "moderne" pour ne pas être ennuyeuse, les scénarios ne sont pas trop bêtes, simples mais réalistes ... Le plus dur pour moi était que je n'avais encore jamais vraiment suivi de série du Golfe, malgré mes heures de drogue passive à Rotana Khaleejiyya (que je mets en bruit de fond dès que je peux pour m'habituer à l'accent).
        Mais le dialecte du Golfe et ses variantes étant mon préféré de tous, j'étais doublement motivée pour tenter de comprendre cette série :  je ne sais pourquoi je suis toujours la seule à le trouver beau. La plupart du temps c'est l'égyptien qui est mis sur un piédestal, mais leur prononciation du "j" (ج) en "g" m'insupporte, ou encore le syro-libanais, qui semble véhiculé la même notion de sophistication et de "haute culture"... Le dialecte du Golfe a l'air d'avoir une réputation de dialecte "de campagnard" (enfin, bédouin pour le coup), peu raffiné à l'image du cliché de l'arabe du Golfe assis sur ses dollars et son puits de pétrole, intéressé par les couleurs criardes, les objets kitsch et le bling-bling de façon générale. Mais rien à faire, c'est le plus doux à mes oreilles ... Peut-être parce que c'est l'équivalent arabe de mon accent franc-comtois natal ?




(ENG)

       Saudi TV series (or at least the story takes place there, I wouldn't be surprised that the series were shot elsewhere with actors from other countries "faking' the saudi accent, but well, I'm not an expert on that). Airing on one of the two big satellite group channels, here MBC, (the other one being Rotana) both saudi-owned. You can watch all of their TV series on their website here.

        The story : the day-to-day life of employees and their employer in a call-center (not the ones we're used to, with their intempestive calls, here a call-center is a service center : people call them to buys a plane ticket, or check in a hotel, or getting an appointment with some houseware reparator fro the dishwasher, etc). Eight young employees, 4 men and 4 women (not in the same room of course, it's Saudi Arabia). The whole series is made into a realistic comedy worth many anthropological books on the country : you see how people deal with their lives despite what as a foreigner we can see as impossible social rules (especially the segregation between men and women), they find other ways to deal with it and they don't look worse off, as a general rule, than us.

        The TV series is of a good quality too, as compared to many other : the scenario, if not complex, is realistic enough, the actors play well, and the filming is quite modern. The hardest part for me was to understand everything, because I'm not used to the Gulf dialect - but since it's my favorite, I'm trying hard to learn it in my spare time. 

        I don't know why people usually say the egyptian dialect is the best, it sounds nice alright, but their way of saying the ج  (j) as a "g" is unbearable to me for some reason ... And the other accent which has the same "high-culture" and sophisticated image is the levantine dialect, and it's nicer to me ears than the egyptian one, but the Gulf one (ones?) are definitely the best for me. And contrary to the other two, they do pronounce the ق one way or another (usually a heavy "g") and I appreciate that. I appreciate not disparaging that letter, it's a beautiful one, and as a foreigner, it definitely helps understanding the words ! Anyway, it seems the Gulf dialect has the same image than the "countryside" dialects in french and english (bedouin then, in arab countries), maybe made worse by the never-ending cliché of the too-rich Gulf arab and his blatant lack of taste in everything (king of the bling bling) ... but who cares, their accent still sounds nice. Rambling on to say that I'm happy to have found a TV series that's funny, well-made, and with the "right" accent all at the same time !

9.01.2013

الأرجوحة ـ بدرية البشر/ La balançoire / The swing

(FRA)

La balançoire - de Badria al Bishr


         Deuxième roman que je lis de cette auteur. J'avais préféré le premier, "hind et les militaires"* qui ressemblait plus à un conte, et qui (pour moi) avait le mérite de se terminer bien (histoire d'une femme, de son enfance pas drôle, à son mariage raté, à sa fuite avec son amant à l'étranger).
        Les deux romans ont l'avantage d'être très facile à lire, et courts. C'est, je suppose, l'équivalent arabe de la chick-lit anglo-saxonne, en moins léger. En tous cas le genre de roman qu'on ne voudrait pas admettre de lire, qu'on lit en cachette parce que ca ne fait pas aussi bien que de lire du Naguib Mahfouz ... Même si essentiellement il s'agit de la même chose : la vie des gens normaux dans un pays réel. Certes, le talent d'écrivain de ce dernier n'est pas donné à tous, mais pour un voyage en train ou en bus, quand on ne maîtrise pas parfaitement les complexités de l'arabe, Badria al Bishr fait l'affaire.
        Histoire du roman : ce n'en est pas une, vraiment. Plutôt une "tranche de vie", comme on aime à dire. La vie de trois amies saoudiennes qui se retrouvent à Genève par hasard. L'une d'elle est une descendante d'esclave, les deux autres de familles traditionnelles. Les trois se racontent leurs vies plus ou moins heureuses (souvent moins que plus d'ailleurs) avec les hommes (ou les femmes). D'apparence libérées (surtout hors de leur pays d'origine), leurs n'en sont pas moins peu enviables, et comme tout le monde, cherchent différents moyens de survivre en se procurant de l'argent (argent en général détenu par les hommes).
     Le genre d'histoire qui, racontée dans n'importe quel autre pays, recevrait très peu de de commentaires, de par la banalité réaliste qu'elle contient, mais vu qu'elle est estampillée "arabe", et même mieux (ou pire), "Arabie Saoudite", je ne doute pas que traduit, les critiques seraient légions pour dénoncer cette "culture machiste", etc ... Mais j'insiste, c'est une histoire banale, souvent triste, mais qui pourrait se produire n'importe où. Pour des détails croustillants sur ce pays en particulier, il vaut mieux aller voir ailleurs ...
      Les caractéristiques "arabes" sont dans ce roman très peu nombreuses... Et pas essentielles à l'histoire. Par exemple : en Aabie Saoudite, les femmes ne peuvent pas conduire. Donc dans le roman, elles se déplacent avec chauffeur, ou en taxi, ou conduite par leur frère/père/mari. Même si ce n'est guère comparable, on peut imaginer que c'est comme on disait dans un hypothétique roman "elle vivait à New york et voulait rendre visite à son amie, elle prit donc un taxi jaune". Qui pourrait s'intéresser au fait qu'il n'y ait que des taxis jaunes pour critiquer la culture américaine ? On ne préciserait même pas la couleur d'ailleurs, tout comme dans ce roman, l'auteur indique seulement que telle héroïne prend un taxi, sans préciser pourquoi. C'est un détail, particulier à ce pays, qui n'est pas essentiel du tout à l'histoire (qu'il soit critiquable, j'en conviens, mais c'est une autre histoire !).
      Par contre certains éléments essentiels à l'histoire, comme les agressions sexuelles, sont eux tristement universaux...
 


(ENG)

The swing - by Badria al Bishr

           It's the second book I'm reading by this author. The other one, "Hind and the military"*, was better (for me), because it looked more like a tale, with a happy ending (the story of a woman from her difficult chilhood to her first unhappy marriage, ending with her flight overseas with her lover).
       Arabic chick-lit we could say, the sort of book you don't want to be caught reading because it doesnt look as good as reading some novel by Nagui Mahfouz, but still, when you don't master the language perfectly and you are on a bus trip or on the train, these books are great. You even feel good at understanding everything with no much effort.
       So this one is about three saudi women, university friends running into each other by happenstance in Geneva. They spend time together having fun, looking "liberated" and telling stories, stories of their rather sad lives. Very much commonplace stories, you could find anywhere, but I'm sure that if these books were translated one day, critics would be all over the place denouncing this "macho arab culture" or whatever, once more not realizing that the same stuff happen everywhere.
        The cultural particularities are not even that numerous in these novels, and are not key elements to the story, sorry middle-east bashers, it won't be interesting enough for you ... i.e. : women don't drive in Saudi Arabia, so in those novels they have chauffeurs or take a taxi or their husband/brother/father drives them, and the story goes on ... Even if I could get a better comparison than what follows, it's like saying "she lived in New York, she wanted to go and see her friend, so she took a yellow taxi". Would would critisize the fact that there are only yellow taxis ? Not relevant to the story anyway ! It wouldn't even be written "yellow taxi", just "taxi", and as such, in the novel, it's just written "she took a taxi", not caring to add "because in KSA women can't drive". Because it's not relevant to the story. (That it is a frustrating and stupid situation for women is not relevant here, and it's another story !). But other elements more essential to the story, like the sexual harrassements, are sadly universal ...


كتاب سهل القراءة لأشخاص مثلي لا يتقنون العربية بشكل تام .... فيمكنك أن تقرأه في الباص أو القطار وتفهم كل شيء ! والحكاية هي عادية حزينة يمكن أن تقع في اي بلد ( حكاية ثلاثة صديقات يسردن حياتهن في مدينة جينيف)... يعني أن خصوصيات الثقافة السعودية هي غير مهمة للحكاية هنا ـ بعيدا من كل ما يفلت انتباه الناس مهتمين فقط بما تجد من أشياء غريبة ومقرفة في المملكة 



* (هند والعسكر)          

8.18.2013

حلوة وكذابة "Hilwe w kezzabe" - série télé libanaise / lebanese TV series

(FRA)

         Quand je ne lis pas, je regarde la télé ... Donc voilà un article à propos d'une de mes trouvailles, pour laquelle je dois remercier l'auteur de cet excellent site.
        Diffusée sur MTV (Al Murr TV, chaîne libanaise, rien à voir avec notre MTV américaine), je l'ai regardée non pas pour son scénario ultra original et haletant, ni non plus pour l'excellence du jeu de ses acteurs (vous l'aurez compris, ce n'est pas la série du siècle), mais tout simplement parce que c'est une comédie, et que c'est en dialecte libanais.
    Comédie, parce que j'en avais un peu marre de toutes ces séries dramatiques larmoyantes avec les violons pleurnichards en fond musical, et en arabe libanais parce que c'est un des deux dialectes que j'ai décidé d'apprendre.
      Donc, la série : l'histoire d'une étudiante brillante mais venant d'une famille pauvre, qui semble avoir pour l'habitude de raconter des bobards à tout le monde. Mais voilà qu'un jour elle se retrouve à sortir avec un chanteur star du pays, le beau gosse coureur de jupons typique (bon, pas spécialement beau à mon avis, mais ça ...), et elle lui dit qu'elle vient d'une famille très riche, pensant ainsi pouvoir le garder. De toutes façons ils tombent amoureux, et il faut ajouter à ça tout un tas d'histoires mineures en parallèle, de triangles amoureux, de malentendus, de mensonges dévoilés (haaan, le chanteur est déjà marié !) etc ... Pour en faire une saison complète.
      C'est en tout cas une bonne trouvaille pour ceux qui veulent apprendre ce dialecte : le scénario assez simple et le fait de revoir toujours les mêmes personnages aident énormément à avancer dans la compréhension de ce qui se dit ... Tout comme d'innombrable étudiants français sont devenus meilleurs en anglais à force de se droguer au séries américaines, j'ai l'intention de recommencer le processus, pour l'arabe.

(ENG)

          When I don't read, I watch TV ... And this is one of the things I found, thanks to this great webiste's author.         A TV series shown on MTV (Al Murr TV, lebanese channel, no link whatsoever with "our" MTV). Not a great one, the scenario is basic and all the actors don't play that well, but it's comic, and it's in Lebanese, so it's all good for me. I'm tired of the classic whiny melodramatic TV series which seem to be favoured on every channel, so as soon as I can get something funny, I'm not too picky.
       The story of a brillant but poor student who has the habit to lie to everyone about all sorts of things (but not important ones). Then one day she happens to date a famous singer and they fall in love, but many complication arises : she lies to him to keep him (she makes him believe she's rich, etc) but then he also lies to her (he's already married, etc), and all sort of side-stories criss-cross the main one, to make up a full season.
       A good find to anyone who wants to learn the lebanese dialect : the simple scenario and the fact that you have always the same characters and that you can suppose very easily what they're up to makes it very easy to pick up words and sentences (after watching during one year different lebanese shows of which I didn't get a thing, I found this one and inexplicably ended up understanding 80% of it). The same way that countless french students (including me) improved their english by watching american TV series all day, I intend to do the same now with arabic.

7.25.2013

ساق البامبو ـ سعود السنعوسي Excellent roman saoudien


La branche de bambou - de Sa’ûd al-San’ûsî

(FRA)
Le roman qui a gagné le prix international du roman arabe au Liban 2013 (International Prize for Arabic fiction - «Booker»). Je viens juste de le finir, et je suis bien contente qu’il ait gagné, bien que je suis entrain de lire un autre qui était également dans les finalistes et qui aurait tout autant mérité le prix, mais bref, revenons au sujet principal.
L’histoire, écrite à la première personne, d’un enfant mi-koweïtien mi-philippin : sa mère étant à l’époque domestique dans une maison koweïtienne, mais bien que son père ait voulu vivre avec elle et se marier, il a cédé aux pressions familiales, a divorcé sa femme et l’a renvoyé avec le bébé aux Philippines avec la promesse de s’occuper de son garçon à l’âge de la majorité. Entre temps l’invasion irakienne emporte le père, et le héros revient au Koweït, nourri par les images idéalisées de sa mère qui lui souhaitait une meilleure vie que la pauvreté aux Philippines. Mais la famille ne l’accepte pas, son retour lui-même se trouve être une sorte de vengeance d’un ancien ami de son père lui-même rejeté par la famille (du fait de sont statut «bidoun» : koweïtien mais sans papiers officiels), bref, il a trop l’air «philippin», c’est la honte pour cette famille de haut standing, etc ... Seule sa demi-soeur et des amis lui rende la vie intéressante au Koweït, mais il finira par retourner aux Philippines retrouver son grand amour et son autre famille, pauvre et pleine de problèmes elle aussi.
Mon résumé ne ressemble peut-être à rien, mais l’histoire, beaucoup plus complexe et intéressante, vaut vraiment le coup. La langue est claire, tout comme la critique sociale des différentes sociétés : les Philippines par exemple comme victime de différents paramètres (pauvreté, etc) ce qui oblige les filles à se prostituer, à s’exporter comme domestiques notamment dans les pays arabes (avec tous les dangers connus que ça implique pour certaines), et le Koweït comme société très riche mais très contradictoire et dure envers les étrangers, tout le monde en prend pour son grade, cela va de la prostitution au racisme, en passant par les différents jeux des couches sociales, de la complexité des réputations, du manque d’instruction via la lecture, de l’abandon de la langue maternelle (l’arabe) au profit de l’anglais chez les jeunes ... Concernant ce dernier point, j’ai hautement apprécié le passage où le héros reproche à sa demi soeur, koweïtienne, de n’utiliser que l’anglais pour parler à ses amies plutôt que l’arabe, et s’appuyant sur l’histoire des Philippines et d’un héros national philippin, José Rizal (dont les citations parsèment le livre), lui explique que c’est un signe de colonisation étrangère en passe de réussir ... Si l’anglais est positif dans le sens où il leur permet de communiquer, il ne devrait pas remplacer la fonction de la langue nationale.
La religion est aussi abordée, de la façon dont elle est comprise et utilisée, que ce soit aux Philippines ou au Koweït ... Le personnage est un chrétien avec des tendances bouddhistes, et qui est intrigué par l’islam du fait de ses origines, mais il arrive, d’une certaine façon, à mieux comprendre l’islam que quelque uns de ses compatriotes émigrés au Koweït. Je citerai là une scène bien sentie où l’un de ses amis philippins, musulman «militant», essaie de le convaincre de la grandeur de l’islam avec une série de photos de soi-disant «miracles», par exemple d’un poisson dont les écailles du ventre forme le nom «Allah», ou d’une mosquée, restée debout après une tornade, alors que toutes les maisons alentours ont été détruites. Le héros lui réplique alors que ces photos ne sont que des bêtises, et que s’il veut vraiment convaincre qui que ce soit de sa religion, ce n’est pas ne montrant des maisons détruites qu’il va y arriver, dont la seule explication rationnelle est que la mosquée était en béton et les maisons en bois, donc aucun argument religieux n’est valable dans ce cas là, et termine en lui répliquant «si tu veux m’intéresser à l’islam, tu ferais mieux de me lire et de me traduire des versets du Coran directement».
La seule chose qui me laisse intriguée, au vu de l’intérêt du narrateur pour les questions de langue, de l’importance de connaître sa propre langue et celles des autres, c’est que le héros, pas une seule fois, ne cherche à prendre des cours d’arabe. Pourtant il reste deux ans au Koweït, mais l’anglais semble lui suffire pour se forger des liens avec les différentes personnes là-bas. Il finira par écrire le roman de sa vie dans sa langue maternelle, qui sera ensuite traduit en arabe par un ami philippin maîtrisant la langue ... C’est pour sa que le lecteur peut être perturbé en premier lieu par la présentation de l’ouvrage, où l’auteur réel ne serait qu’un transcripteur.
(Explication du titre : le bambou - plante qui se trouve dans le jardin du héros aux Philippines - peut prendre racine n’importe où, quelque soit le lieu où il est transplanté ... Le héros s’attend donc à pouvoir prendre racine au Koweït, mais ce ne sera pas vraiment le cas.)
Pour terminer, je pense que l’auteur, saoudien, a réussi à éviter l’interdiction du livre en le publiant au Liban, et en évitant d’attaquer directement son propre pays, même s’il est très facile de voir que le Koweït n’est qu’une excuse dans la description de situations qui existent dans les pays voisins ... La critique est donc très présente, mais de façon équilibrée et réaliste. L’auteur ne se lance pas dans le tout-négatif comme on aime à le faire bien souvent, surtout en ce qui concerne les pays arabes, mais au contraire rend toute leur complexité aux différents personnages, ni bons ni mauvais, mais pris dans les tissus sociaux surpuissants. Et on apprend plein de choses sur les Philippines, pays que je ne connaissais pas du tout.





The bamboo branch - by Sa’ûd al-San’ûsî

(ENG)
The novel that won the International «Booker» Prize for Arabic Fiction in Lebanon in 2013. I just finished reading it, and I’m happy that it won the prize, even though I’m currently reading another one, short-listed for the same prize, that is as good, for different reasons.
The story is written in the first person, the story of a child born of a Kuwaiti father and Philippino mother, named José/Isa (both meaning Jesus in spanish and in arabic). At the time his mother was a maid at his father’s house. He wanted to marry her but his family put him under pressure so that he had to divorce her and send her back with the child in the Philippines, promising that he would take care of the boy later, when he would be able to work. But his father dissapears during the Iraqi invasion of Kuwait, and the narrator comes back to Kuwait with the help of his father’s former friend Ghassan, his head full of overly positive images of the country, that his mother fed him overtime, wishing him a better life in rich Kuwait than in the Philippines where poverty destroyed much of his family. But his father’s family doesn’t accept him, and the reasons of his return are in the end a sort of vengeance from Ghassan towards his father’s family, because he was prevented from marrying his love, one of the narrator’s aunt, being a «bidoun» (a kuwaiti, but with no papers). The narrator looks too philippino for his family, it brings shame to theur standing and their name. Only his half-sister and some friends supports him and make his life bearable in Kuwait.
My summary might be a bit shaky and not really representative, but the story is very good, the plot is always interesting because you never really expect the characters’ actions, and it’s written in a flowing style. And the social critic is there, balanced, realistic, not all-negative nor all-positive, but the narrator doesn’t restrain himself from breaching on any subject : 
  • The Philippines as a country crushed by poverty, obliging girls to work in prostitution, or to go and become full-time maids in faraway countries in dreaful conditions for some cases.
  • Kuwait as a rich country but full of contradictions, racism, stuck in an impossible play of social classes, of young people disinterested in their culture and their language ... On that topic I highly appreciated the moment when the narrator asks his half-sister (full kuwaiti) why she talks only in english with her friends ... He then essentially tells her, quoting a famous thinker from the Philippines, José Rizal, that abandonning your language that way is a sign of a succeeding foreign colonisation. You can’t be yourself if you mix up the functionnalities of the languages you know/have learnt : it’s alright to know other languages, it’s even what enable the narrator to communicate witht eh Kuwaitis, but you should not use it as a replacement for you mother tongue. And this is why, in the end, the narrator chooses to tell his story in his native tongue, story that will be translated into arabic by a philippino friend of his who know both languages (which is of course part of the fiction, but the book is presented such as you might think the real author is in fact only akind of publisher).
  • Religion comes in too. How it is percieved and used by the different characters in both countries, the political and spirituals elements. The narrator is a buddhist styled christian who has an interest in islam because of his origins. He doesn’t really convert to it, even though one might say he understands islam better than most. I particularly like a scene in the book where one of the narrator’s friend try to convert him to islam whit these so-called miraculous images of stuff like a fish that has its scales forming the name «Allah», or the mosque that is still standing up after a storm while all the houses are gone. The narrator then replies that these pictures are stupid : the storm obviously destroyed the wooden houses and not the concrete-built mosque, and he ends the conversation telling his friend ‘if you wnt to convince me of anything, you’d better read me the Quran and translate it to me’. Religious-wise he’s a very interesting and intriguing character which goes in the way of the common western view that all Saudis all religious fanatics who despise the rest of the world : the author is Saudi, and this is a book that speaks very intelligently about highly sensitive issues : immigrant workers in the Gulf from their point of view, and religions. Of course he doesn’t «attack» his own country directly, though you can feel that all Gulf countries are aimed at through Kuwait, and the book is published in Lebanon. But whatever.
  • The book, in general, speaks of the difficulty of being a child of two cultures, the quest for an identity, and growing up in poverty. The title of the books refers to the bamboos growing in his mother’s backyard in the Philippines, a plant that has the alleged capacity of taking roots anywhere in almost any conditions.



      The only thing that intrigues me in the plot is why the narrator never attempted to learn arabic while he had all sort of occasions for it.
      Anyway, I learned quite a lot of things about the Philippines too, and in the end it is a surprising book, and a very good one. I hope it’ll be translated into english and other languages soon ...





كتاب أحبه كثيرا لاسباب مختلفة ... من المفترض أن اترجم ما كتبت عنه في الفرنسية والانكليزية الى العربية ولكن ما عندي أي وقت ... المهم أنني مسرورة أن مثل هذا الكتاب يحظى على جائزات. نتعلم الكثير عن مجتمعتي الكويت والفيليبين ورؤية ناس يجيؤون من دول عاشت الاسعمار الغربي بشكل أو آخر ومهمة الكفاحة لأجل اللغة الوطنية التي تنقل الثقافة والتأريخ والهوية. 

7.04.2013

La fascination de Paris, toujours ... عصفر من الشرق والحي اللاتيني

(FRA)

«Le quartier latin» de Yûsuf Idrîs, et «L’oiseau d’orient» de Tawfîq al-Hakîm

     Deux livres comparables dans leur sujets premiers : un étudiant arabe (libanais dans le premier, égyptien dans le deuxième), vient faire ses études dans le Paris après la deuxième guerre mondiale. L’époque précise est assez vague mais bon, là n’est pas l’important. L’important est la fascination de ces deux étudiants pour le pays, la France, où ils viennent terminer leurs études, avant de repartir chez eux.
     Les deux tombent amoureux d’une française, deux histoires d’amour qui se terminent mal, deux histoires qui rapprochent ces romans presque de la catégorie «coming of age books» des romans anglo-saxons : le jeune homme/ la jeune femme qui découvre le monde et perd ses illusions.
     Mais malgré cela, je trouve qu’il reste une illusion, jusqu’au bout, ce que j’appelle «l’occidentalisme», tout comme Edward Saïd a décrit l’orientalisme des européens fascinés par «l’orient» et qui ont construit, à travers leurs oeuvres artistiques et littéraires une représentation de l’orient pas toujours très réaliste, pour ne pas dire complètement illusoire, eh bien là nous avons affaire, dans une certaine mesure, à la même chose en inverse : des intellectuels du monde arabe, découvrant «l’occident», fascinés par lui, rapportant avec eux une image pas toujours très réaliste. Il y a suffisamment d’éléments réels pour y croire, mais au final, c’est une telle série de clichés, comme les films américains tournés à Paris où il y a toujours quelqu’un qui joue de l’accordéon et jamais une seule poubelle trop pleine sur le trottoir, qu’on n’y croit plus guère.

     Mais cela reste des lectures intéressantes, voire amusantes, pour découvrir l’image qu’avaient les arabes de l’occident, bien avant que les vidéo-clips ne viennent polluer les représentations (car il faut l’admettre, il est aujourd’hui bien dur, dans les reste du monde, et pas seulement arabe, de combattre cette image de dépravation totale qui colle aux «occidentaux»).


(ENG)

«The latin quarter» by Yûsuf Idrîs and «A bird from the Orient» by Tawfîq al-Hakîm

     Two books that are very alike in their subjects : both are close to the coming-of-age book category, involving both a young arab intellectual who comes in Paris to finish his literary studies (in the first book he is lebanese, in the second egyptian), who discover another world and lose some of his illusions. Both books could be something very close to an autobiography, but they are presented as a novel.Both young men fall in love with a french girl, and both love stories don’t end well.
   Both stories are quite enjoyable, and a quick read, but both convey what I call «westernism» : the same way Edward Saïd defined orientalisme as the representation of oriental countries ans people made by european intellectuals and artists through their books and art, a representation not always realistic, not to say, in some cases, seriously not realistic, so here we have the same thing in reverse. Arab intellectuals discovering «the west», fascinated by it, and bringing back with them representations slighlty distorted.
It sounds true because lots of details look true, but at the end of the day, it is such an accumulation of clichés - like american movies taking place in Paris where there is always someone playing on the accordion and not a single overflowing trash bin on the street - that you end up not believing so much in the story. 

     But they are still interesting lectures, even funny, if only just to discover the image arabs had of the West before video-clips and easily available porn came and seriously damaged everything (one has to admit that now it is very hard to fight off the terrible image of a depraved western society in the rest of the world, not only in the arab world).


عصفر من الشرق لتوفيق الحكيم
الحي اللاتيني ليوسف إدريس

كتابان ممتعتان ومتشابه في موضوعتهما : فتى يسافر الى باريس ليكمل دراساته في الأدب ويقع في حب فتاة فرنسية وتنتهي القصة الغرامية بشكل حزين. وبعد ذلك يرج الفتى الى بلاده وعائلته.
مثير للانتباه اذا تريد ان تكشف كيف يرون العرب الغرب قبل عصرنا حيث الكليبات والافلام الجنسية سهل الحصول عليه عبر الانترنت تفسد كل شيء (الصورة للغرب اصبح سيئًا جدا أيضأ في هذا المجال) ولكن القارئ يجب أن يعرف أن هذين الكتابين يحملان صورة مشوهة نوعًا ما للغرب : مثلما فعل الستشراقيون الغربيون في أعمالهم من صور خيالية عن البلدان الشرقية فشكّلا المؤلفان صورًا  خيالية نوعًا ما عن الغرب وفرنسا خاصة ...  أسمي ذلك الستغراب


6.04.2013

"Couvrez-moi ! - Avec quoi ? - Une bonne couverture ... " - Books and their covers - ـ غلاف المتب




(FRA)

      Bon article dans le Guardian Weekly de cette semaine (31mai) sur le problème des couvertures de livres selon que l’auteur est une femme ou un homme. Pour une histoire avec le même potentiel, on fait passer le livre d’une femme bien souvent pour de la littérature de gare, de la chick-lit ou autre, alors que la même histoire écrite par un homme serait vue complètement différemment. 
     Cela soulève aussi les questions sur la différence réelle ou supposée d’écriture entre un homme et une femme, mais bon, là, il ne s’agit que des couvertures que les éditeurs choisissent de mettre. Et s’agissant de couverture, il est vrai que dans le monde des livres en arabe, les romans de façon générale sont assez colorés, mais les livres écrits par une femme sont assez généralement kitsch. Dernièrement j’ai lu un roman dont la couverture laissait penser à une histoire à l’eau de rose alors que l’histoire est incroyablement triste et réaliste. Je me demande donc si le public arabophone lui a d’autre codes en ce qui concerne les couvertures de livres, et si un livre qui nous paraît kitsch a pour eux une autre signification que «littérature de gare».
     Pour terminer sur les couvertures, j’en ai trouvé une particulièrement réussie, qui ne cesse d’accrocher mon regard depuis que j’ai le livre, et qui m’attends impatiemment sur la table de chevet, c’est un des finalistes de l’International Prize for Arabic Fiction, couramment appelé «arab booker prize», et dont le titre pourrait être traduit par «Monseigneur» (titre donné à un homme de religion d’un certain rang) de l’écrivain Ibrahim Issa (et si on devait traduire le nom de l’auteur par les noms équivalents francisés : Abraham Jésus ... Ca ne s’invente pas !). Edité par Bloomsbury-Qatar Foundation, qui ont le grand mérite de vendre leurs livres sur Amazon.com, la couverture m’a accroché le regard dès que je l’ai vue, avant même de connaître quoi que ce soit de l’histoire (qui a l’air de surfer sur le type «vies scandaleuses de personnalités mêlant politique, argent et religion», ça promet). 
     Un homme, habillé comme un sheikh d’al Azhar (la plus grande institution religieuse du monde arabe, en Egypte), l’air sérieux et regardant légèrement vers le haut, entouré de flammes, façon «flammes de l’enfer», le tout dans des couleurs noir-rouge-jaune foncé et un style de dessin stylisé assez rétro ... Il s’en dégage quelque chose de tragique, on voit ce personnage comme s’il essayait désespérément d’atteindre une certaine élévation, ou d’obtenir un pardon silencieux, mais qu’il est reste malgré lui dans ce monde terrestre plein de tentations, ou qu’il soit condamné à pire par ses actions, qu’il ne cherche même pas à regretter, il n’en est plus là; de son air résigné, il espère juste avoir droit à une dernière chance, peut-être. Bref, bien longue dissertation sur une couverture ! Pourquoi donc certaines couvertures de livres nous inspire tant, et d’autre nous ennuient à mourir ? Il y en a qui m’ont tellement ennuyé, voir énervé, que je recouvrais exprès les livres pour pouvoir les lire tranquillement, sans être dérangée par la couverture ...
     Ah, l’influence terrible du paratexte (cf. Gérard Genette) ... On oublie son importance, et la plupart du temps on en a même pas conscience. Pourquoi acheter tel livre plutôt que tel autre ? 


(ENG)
     Good article in this week's The Guardian Weekly (31 May) about books’ covers and how they differ depending from teh author being a male or a female ... How the same story, depending on being written by a male or a female, will be given a different cover : a «serious» one for a male author, a kitsch one for a female author. Fact linked to the big question : is there a typical male writing different from a female writing ? 
     Anyway, as to book covers, in that arab book world the fact is that novels are most of the time very colourful, for male or female authors alike, but the female authors as with english female authors, get usually the kitschiest and the pinkiest. But it is almost always misleading, maybe even more in the arab authors’ case : you think buying a book, a chick-lit sort or a fairy-tale romance, and you get, almost always, a terribly tragic, sad, realistic story that makes you a bit desperate, all the more because you excpected precisely the contrary. While with english books, you can get a nice story, beautifully written and everything too, but not necessarily insanely tragic and sad. With arabic books, especially the recent ones (last ten years or so I’d say), you get the full terrible-get-me-a-handerchief  story. Most of the time. So, with the arab books shelves, buying a book by its cover is a big gamble, even more so that with the english books shelves.
     I wonder then if the arab readers have differents codes from ours, meaning by that that if they buy a kitschy-looking book they actually know what to expect, more than us ?
Anyway, speaking of book covers, one of them recently caught my attention and never ceases to catch my eye, sitting on my bedside pile, eagerly waiting to be read.
     It’s been shortlisted at the las International Prize for Arab Fiction, commonly called «Arab booker prize» (don’t understand why). The title could be translated by «My Lord» or «Sir» or whatever the name we give to a religious figure (a priest or a bishop or else, I don’t know exaclty what equivalence to give to this arabic title), by author Ibrahim Issa (whose name translated with the anglicised names is «Abraham Jesus», I always like translating arabic names with their real meaning, you always get some fantastical things). It’s published by Bloomsbury-Qatar Foundation (whose great merit is to put their books on sale on Amazon). The story looks like some delightfully scandalous lives of people meddling with religion, politics and money, all at the same time.
     The cover depicts a man dressed as an al-Azhar sheikh (al Azhar being the biggest islamic  institution, in Egypt), looking slightly upwards, surrounded by Hell-like flammes.
I don’t know why it catches my imagination so much, but it looks so tragic : a man hoping for some spiritual elevation but stuck in the earthly spheres, or even condemned to worse because of his actions, actions he’s beyond regretting, according to his very accepting and resigned look, beyond asking for forgiveness, just waiting for a possible last chance ...
     It’s always incredible how influenced you can be by the «paratext» (coined by Gerard Genette, the paratext being everything of the book that is not striclty the story : the cover, the title, all the various phrases and stuff surrounding the text, even the quality of the paper, etc). Choosing a book has a lot more to do than merely what the story sounds like. since even you cannot know that without resorting to the paratext (i.e. the summary or catch sentences at the back). A few time I even had to cover myself some of the books I wanted to read, so annoyed I was by a boring or stupid cover ...




قرأت اليوم مقالة في جريدة الغوارديان الانكليزي عن مشكلة غلاف الكتب : عادة في الغرب كتب كتبتها مؤلفات يعطيها الناشرون غلافات مع ألوان صاخبة وصور تافهة مع أن لو كتب رجل نفس القصة فالكتاب سيكون أكثر "جدي" الغلاف  ... ووجدت أن في العالم العربي هو الحال نفسه مع اختلافات أكبر : قد يحصل المؤلفون أيضًا غلافات "كيتش" وعادة الغلافات يعطي انطباعت عكسية للقصة داخله : غلاف وردية يغطي قصة حزينة جدًا .... ولا أعرف إن ذلك يعاد لمجموعة قوانين ورموز مختلف مما عندنا في الغرب حيث حتى الغلافت الكيتشية تناسب القصة داخل الكتاب. معظم الوقت.
وفي موضوع الغلاف تعجبت كثيرًا لغلاف كتاب "مولانا" لابراهيم عيسى : هي تراجيدية في الغاية في نظري ... رجل بزي الشيوخ من الأزهر محيط بلهب ونيران جهنمية والنظرة على وجهه كأن لا  آمل حتى في طلب الغفور عن أفعاله ولكن في داخله يريد أن يرتفع الى الأعلى بغرمه وبرغم حياته وفقط يقوم هنا آملًا لفرصة أخيرة, آخرة. نادرًا ما تعجبت بغلافات وكثيرًا ما أكرهها وتجبرني غي تغطية 
الكتاب من جديد لأن أقرأه بدون ازعاج من الغلاف !





5.04.2013

الوزير المرافق / Le ministre accompagnateur / The Accompanying Minister

مؤلف : غازي بن عبد الرحمان القصيبي

(FRA)
"Le ministre accompagnant" de Ghâzî bin Abd-al-rahman Al-Qusaybî

     Récit biographique d'un écrivain saoudien qui a été ministre à ses heures perdues (ou l'inverse ?) (c'est fou le nombre d'écrivains arabes qui avaient ou ont une double vie de fonctionnaire. Il est vrai que sans lois strictes sur les droits d'auteur, tel que c'est le cas à peu près partout dans le monde arabe, ils ne gagneraient pas grand chose grâce à leurs livres). Il raconte ses rencontres avec différents chefs d'états il y a quelques décennies : Nixon, Indira Ghandi, Habib Bourguiba, Helmut Schmidt, Helmut Kohl, Kaddhafi, la Reine d'Angleterre, François Mitterand, Amin Dada, avec un dernier chapitre sur le sommet arabe de Fès en 1981, assez intéressant sur les discussions et les clash de personnalités autour de la proposition "d'un plan de paix" pour la Palestine du prince héritier (puis roi) Fahd ...
     Même si l'on apprend rien de nouveau sur aucune de ces personnalités, c'est intéressant de lire des observations de première main : l'auteur a essayé de garder les premières impressions qu'il a eues et qu'il a noté après chaque rencontre, et non pas de reconstruire rétrospectivement une image de chacun. Le tout finalement donne une image peu surprenante de chacun (Kaddhafi et Amin Dada avaient effectivement l'air bien gratiné dès le départ, par exemple).
     J'avais acheté ce livre un peu par hasard, en étant tombée sur un passage qui m'avait fait rire : un des chefs d'état, visiblement préoccupé par une question, demande un jour à l'auteur : "Pourquoi certains d'entre vous portent des ghutra (keffiehs*) rouges et blancs, et d'autres juste blancs ?". La réponse est assez simple : c'est selon les goûts de chacun ... C'est étrange comme on veut absolument voir des significations partout dès qu'il s'agit d'une culture étrangère, ce qui est naturel, dans une volonté de faire sens de ce que l'on voit, alors que finalement, un keffieh rouge ou un keffieh blanc, c'est comme une cravate rouge ou une cravate noire, il n'y a pas tant de mystère que ça ... A moins qu'on ne veuille partir dans la psychanalyse de comptoir ! (Il n'y a guère que le keffieh blanc et noir qui est associé typiquement à la Palestine, mais là aussi il faut nuancer : on le trouve traditionnellement dans beaucoup d'autres régions arabes).

* nom différent selon les régions ... On dit couramment keffieh en France, il y a aussi shimagh, mais c'est la même chose : le tissu porté sur la tête par les hommes. (Nouvelle de fou, il n'y a pas que les femmes qui mettent un tissu sur la tête ... !)

(ENG)
"The accompanying minister" by Ghâzî bin Abd-al-rahman Al-Qusaybî

     A book about the encounters of a saudi writer (who also happened to be minister for a long time, as is the case for a great many arab writers working as civil servants - no strict copyright law means that they have to find another way of getting money than writing books) with different head of state some decades ago : Nixon, Indira Ghandi, Habib Bourguiba, Helmut Schmidt, Helmut Kohl, Kaddhafi, the Queen of England, François Mitterand, Amin Dada, and a last chapter about an arab summit in Fes in 1981 and intersting discussions if not fights between the then personnalities of this summit around the proposal of crown prince (then King) Fahd on a peace proposal for Palestine ...
     We don't learn anything new but it's quite interesting to see the close-up impression of the author as he has had them after meeting these people (he tried to describe his feeling using the notes he had taken at the time and not constructing impressions in a restrospective manner). And you are not that surprised in the end, for example, that Kaddhafi and Amin Dada were quite damaged from the start ...
     I had bought this book by happenstance, after reading a funny part about one head of state looking preoccupied and asking the author, very seriously : "Why do some of you wear a red-and-white headdress and others just a plain white one ?", the typical question everyone have at some point, of which the answer is so simple : "Well, that depends of one's personal taste ..." It is funny how, when it comes to foreign culture, anyone will try, and it's quite natural, to make sense of what one is seeing by looking for explanations at everything. But red or white ghutra*, it's like a red of black tie ... No immediate signification whatsoever.

* the men headdress is called by different names according to the region (breaking news ! men too wear pieces of material on their heads, not only women), but in France, we generalized with the palestinian term, kuffiah. And yes, even though the black and white one is associated with Palestine, it is also worn traditionally in other regions ...


كتاب عن لقاءات الكاتب ووزير غازي بن عبد الرحمان القصيبي ـ أول كتاب له أقرأها ـ ويحكي فيها عن انطباعات له بعد التقى مع رؤساء وحكام عبر العالم ... لا تكتشف ما هو جديد ولكنها قراءة ممتعة وتكتشف هؤلاء الأشخاص المشهورون كما تتخيلهم من قبل ـ مثلا القضافي وأمين دادا كانا مجنونين منذ البداية. وبالنسبة لقارئة غربية مثلي هو مثير للانتباه أن أرى أشخاص نعرفها في الغرب عبر نظر مختلف قليلًا ...

3.28.2013

La dernière tentation - The last temptation - الاغواء الأخيرة

by / de Afaf Al Batâyina



(ENG)
     This is what I would translate the title though there is other possiblities ... But given the story maybe that would fit best. Jordanian novel written by an author of palestinian descent.
It is the story of a woman of palestinian origin living in Jordan it would seem (countries are never really named, except for England, where the narrator lives for a time), who has been an orphan in strange and terribles circumstances. Her father died during one of those desperate wars to free Palestine, but his death was particularly stupid : his plane explosed just after the take off. Her young mother was then married off by her family to another man, a bad character who insisted on that his wife must leave behind her young daughter, to be taken care of by her grand parents, who happened also to be uncaring. 
     The narrator, around fifty, tells her story by reminiscences and flash-backs, not always in order, with the main frame being that she wants to tell all her story to her son, studying in England, who doesn’t know anything about her life. And so her life is full of deceptions and betrayals : a first husband who weakened in front of his own father who didn’t accept his step-daughter and so had to marry another one, and close friend made during years when the narrator was working in a Gulf country university, but who also ended up being weak in front of his family, and went to the point that he denounced her to the authorities with false accusations, then followed torture and emprisonnement in the said Gulf country.
     The only stability and hope in this novel is her son (she had with this second companion), and a couple of older friends who were in the end her only family throughout her life. I pass on the details and the complexities of all the relationships, but I found the unraveling of the story interesting because at first you are totally confused when the narrator speaks about «Jubran al Kabeer» (Jubran the old) as her friend, husband and father ... But then it all clears up, and I’ll let you read the book to discover how.
     The narrator appears broken into several selves, because of the hardships she endured, and maybe «the last tentation» about life is trying to begin a new one by laying down her whole life (her whole lives ?) on paper to pass onto her son, and so leaving it all behind her.

     The only critic that comes to mind now is that to help the story the writer gives the narrator a pretty «westernistic» view of western countries. I mean by that that like we westerners might orientalize the Orient (in Edward Saïd’s sense), it seems sometimes that arabs writers westernize the West : here it sounds like paradise, as if everyone loved each other, took care of each other, as if everything worked and the whole system is perfect. Of course these two pages, for a westerner, are funny, so remote to what we know, like a fairy world. But I fear some arab readers might actually take that at face value. They’d be sorely disappointed.
     But other pages freaked me out for other reasons : when she describes the university system in the Gulf country where work the narrator before her imprisonnement. The corruption, the money, the full scale propaganda delivered with no restrictions (in this case pro-West and pro-zionist - but wherever any kind of propaganda is delivered that bluntly is scary ... But that such a contradictory one might exists in this particular kind of place makes my eyebrow twitch).
      Anyway all in all, it was an easy read (good for the arabic student that I am), and gripping enough to read to the end, despite the pervasive sadness and desperate anger the narrator has, denouncing all sorts of things from all sorts of spheres (family, religious social system, politics ...) in the arab world.
      And so like so many books I’ve read and that I’ll post about here, arabic novels have not that many taboos, contrary to what one might think.


(FRA)
«Dernière tentation» est la traduction que je donnerais de ce roman.
   Roman jordanien écrit par une écrivain d’origine palestinienne (oui je laisse volontairement le mot au masculin, non pas par anti-féminisme, mais parce que c’est un nom de métier, d’occupation, le sexe de la personne concernée ne devrait avoir aucune importance. C’est là que le féminisme réussira, quand on s’occupera de l’écrivain parce qu’il est bon, et non par parce que c’est un homme ou une femme). (Voilà c’est dit).
      Histoire pleine de tristesse en tous genres, comme un tas de romans arabes en général : la narratrice démarre dans la vie orpheline (son père meurt bêtement, sa mère est remariée de force à un beau père stupide qui impose comme condition que sa belle fille disparaisse de sa vue, elle est donc élevée par ses grands parents, pas spécialement tendres non plus). Puis un premier mariage, qui échoue parce que le mari, faible devant la volonté paternelle et le clan familial, accepte une deuxième femme choisie par sa famille à lui, puis un autre homme plus tard, qui finit par montrer la même faiblesse (sa famille l’oblige à se débarrasser de la narratrice en l’envoyant en prison sur fausses accusations), bref, je ne ferai pas le détail, je vous laisse découvrir tout ça ... Mais une fois de plus il faut très vite oublier que la littérature arabe est pleine de tabous : pas du tout. Là la critique est cinglante sur tout, tout y passe. Et on voit que les hommes sont autant victimes que les femmes (qui se trouvent quelque part être plus fortes mentalement, n’ayant rien à perdre, là où les hommes sont facilement écrasés dans leurs rôles) d’un système particulier.
     Ma seule critique est que pour appuyer cette critique du système social dans tel ou tel pays arabe, la narratrice nous dépeint une vision du monde occidental assez comique puisqu’elle se veut réaliste : là ou nous orientalisons l’Orient (au sens d’Edward Saïd), les écrivains arabes ont l’air d’avoir la fâcheuse manie d’occidentaliser l’Occident.
     L’Angleterre est là donc un paradis de système social où tout le monde prend soin de tout le monde, où tout le monde s’aime, où personne n’est gêné de son corps (la narratrice décrit les adolescents occidentaux comme assumant complètement leurs corps, sous entendu contrairement aux ados arabes ... Elle n’a clairement jamais été une adolescente occidentale. Je n’en connais aucun qui m’ait un jour dit «j’adore comme je suis !». C’est pourtant pas très dur de deviner qu’un ado est complexé, quelques soit le pays), où tout le monde est respecté, etc ... Bref, c’est drôle, et ça nous permet de faire l’expérience des impressions que peuvent avoir les orientaux devant notre art et nos romans orientalistes, avec nos séries de clichés. Mais bon, je suppose que cela sert l’histoire principale qui ne se veut pas une ethnographie du monde occidental.
     Mais un passage qui fait froid dans le dos est la description du système universitaire dans les pays du Golfe (elle ne nomme aucun pays arabe, autre que la Palestine il me semble), via les quelques années pendant lesquelles la narratrice travaille dans une université du Golfe. Propagande ahurissante (dans le cas là pro-occidentale et sioniste, aussi paradoxale que cela puisse paraître pour le néophyte), corruption à tous les étages, incompétence, désintérêt des élèves pour leurs études ... Bref, comme je disais, tout y passe dans ce roman. Système social emprunt de pseudo-religiosité, importance écrasante de la famille, politique, torture, arbitraire de la justice ...
     La dernière tentation est donc finalement la narratrice, après une vie cassée en plusieurs, qui essaie de croire à un nouveau départ, laissant ses précédentes vies derrière elle par écrit, à destination de son unique fils qui ne sait rien d’elle.
Heureusement ce n’est pas que du tragique, il n’y a pas que des mauvais, il y a même des personnages intéressants sur lesquels la narratrice se raccroche, et la fin est presque positive, ce qui me change de pas mal de romans. Et c’est facile à lire, donc débutants en arabe, foncez !




كتاب  لعفاف البطانية كاتبة أردنية فاسطينية الأصل ... مثل راوية القصة.
كتاب حزين  وانتقاد من كثير المشاكل في العالم العربي ولكن عنده آمال وتنتهي بشكل يرضي قارئة مثلي. للأسف تستعمل الراوية رؤية غريبة عن الغرب مثل ما قلت هنا وفي الجهة الآخر الصفحات عن عالم الجامعات في بلدان الخليج مخيفة فيما نكتشف ـ أنا الغربية الجاهلة على كل ذلك على الأقل ـ من بروباغاندا وفساد بوسيطة المال الخ ...
لن أكتب أكثر على هذا الرواية الآن لأنه سهل على القارء العرب لتعلم أكثر عن هذا الكتاب ولا أعرف بعد المصطلحات لتعليق على الجهة السردية. أكتمل كل هذا فيما بعد إن شاء الله